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Pour les retardataires de Noël

Pour les retardataires de Noël Posted on 30 décembre 2009

Ou comment faire (facilement) plaisir à un archéologue ou à un historien de l’Antiquité…

A l’approche de Noël, au moment où les magasins présentent des jouets tous plus merveilleux les uns que les autres, il en est qui font briller les yeux des enfants, mais surtout ceux des adultes passionnés de l’Antiquité: je veux bien sûr parler de la collection de Playmobil consacrée à l’Egypte et à Rome.

Il est évidemment facile pour les antiquisants ayant des enfants de trouver une excuse pour acheter les multiples boîtes de la collection, alors que les autres doivent se résoudre à s’en passer (mais quel dommage !), à mentir (c’est un outil pédagogique indispensable à mes cours d’histoire!) ou à assumer, quitte à passer pour un adulescent totalement immature. Chacun fera le choix qui lui semble le plus judicieux.

Tout a commencé il y a environ deux ans, lorsque la célèbre marque de jouets en plastique avait frappé très fort en commercialisant une arène, fort belle bien qu’amputée de ses gradins, dans laquelle batifolaient fauves et gladiateurs. Parallèlement, on pouvait trouver en magasin toutes sortes de légionnaires, tribuns et autres centurions, ainsi qu’une galère et une tour d’assaut. Et c’est là qu’on avait remarqué à quel point les poncifs ont la vie dure : il est bien connu que les Romains ne savent rien faire à part taper sur la tête d’autrui et donner des chrétiens à manger aux lions ! D’autre part, un empereur se doit d’être barbu, un gladiateur bronzé, un barbare roux et Cléopâtre outrageusement maquillée.

Mais cette année, Playmobil est parvenu à faire encore mieux. Dès l’automne sont apparus en magasin des jouets tels qu’on aurait jamais osé espérer étant enfant (et même adulte) : la grande pyramide et le Sphinx. Tout y est: la momie, le trésor, les chausse-trappes, les vases canopes, le prêtre embaumeur portant le masque d’Anubis, les chambres secrètes et même le petit squelette qui s’illumine dans le noir. A ces deux merveilles architecturales s’ajoutent un pharaon sur son bige ainsi que divers guerriers et pilleurs de tombes. Il faut d’ailleurs préciser que la marque allemande a investi dans de nouveau moules à cheveux puisque la plupart des Egyptiens portent une magnifique chevelure (perruque ?) longue et épaisse au lieu de cette infâme coupe habituelle formée de triangles.

Notre bonheur ne saurait être tout à fait complet s’il n’existait la boîte de l’archéologue, sorte d’Indiana Jones sans fouet qui, armé d’une boussole et d’un appareil photo, doit affronter serpents et scorpions pour retrouver une momie.

J’ai toujours été persuadée qu’il ne fallait pas grand chose pour déclencher une vocation chez un enfant. La relève risque donc bien d’être assurée. Mais une question reste en suspens : pourquoi les concepteurs de Playmobil ne se sont-ils pas encore intéressés à la Grèce ? Dans les sets spéciaux vendus moins de cinq francs, on trouve bien un guerrier romain, qui ressemble toutefois selon les spécialistes à une espèce de guerrier macédonien. A quand le Parthénon, le théâtre d’Epidaure ou la tombe d’Agamemnon ?

Sachez en tout cas que si, comme moi, vous ne savez que faire des Playmobil de votre enfance, je pense aux chevaux du monde du Far West et aux différents animaux du cirque et du zoo (lions, chameaux, girafes, ours), il ne vous reste plus qu’une chose à faire: investir dans l’arène romaine ou dans quelques légionnaires et donner une deuxième vie à toutes ces pauvres petites bêtes en plastique qui se morfondent au fond de votre grenier.

Gabriele Duchoud