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4ème Festival du film d’archéologie

4ème Festival du film d’archéologie Posted on 1 décembre 20052 Comments

La quatrième édition du festival nyonnais a vécu et a su attirer son public, malgré le temps radieux. Les films présentés cette année s’inscrivent dans une perspective historique très large; certains, datant de plusieurs décennies, voire de près d’un siècle, témoignent de l’évolution du film d’archéologie. D’autres nous plongent au coeur de l’actualité, en évoquant le pillage du musée de Bagdad ou les difficultés rencontrées par les équipes dans des zones à risque comme Jéricho en Palestine.

La Grèce et Rome étaient bien représentées par des films variés et parfois surprenants. Primé, Achille à Skyros est un dessin animé d’un genre nouveau: Pendant 5 minutes, seul un vase apparaît à l’écran; mais sur ce vase s’agitent des figurines qui nous content la cocasse aventure d’Achille travesti et caché sur l’île de Skyros pour échapper à la Guerre de Troie.

Plus conventionnel mais véritable film à thèse de près d’une heure, Némi, le mystère du lac traite des galères de Caligula retrouvées grâce à l’assèchement du lac en 1928. La présence de bateaux gigantesques dans un lac si petit qu’ils pouvaient à peine y manoeuvrer est une énigme à laquelle le film propose un élément de réponse: trop volumineuses pour des naumachies, ces galères auraient été consacrées au culte d’Isis, ce qui serait plausible au milieu de ce bois sacré (nemus) qui a donné son nom au lac.

Mais les stars du festival sont peut-être, comme l’âne-faucheur d’il y a deux ans, des animaux: le cheval de Przewalski, véritable fossile vivant (Les chevaux de la préhistoire, Grand Prix) et Le lion du Colisée, qui nous fait pénétrer dans les coulisses des arènes. Le film est commenté par le lion lui-même, qui prend pour l’occasion la voix pleine de chaleur et d’ironie de Jean Rochefort. Il nous délivre une pléthore de détails macabres ou croustillants: sur les moyens de motiver les lions à attaquer les condamnés, alors qu’ils auraient préféré faire la sieste à l’ombre, sur les raisons de la présence du sable (arena), qui a donné son nom aux arènes (on vous laisse imaginer…) ou sur l’origine du mot « fornication » (de fornix, le passage voûté, où attendaient des prostituées prêtes à décharger les spectateurs de leur libido excitée par ces spectacles de mort).

Avant de vous donner rendez-vous dans deux ans à la mi-mars pour la cinquième édition, il est temps de tirer un bilan en compagnie du directeur du festival, Christophe Goumand.

Pharos: Quelles étaient les nouveautés de cette édition ?

Christophe Gourmand: Cette année, nous avons reçu énormément de films, ce qui a rendu la sélection plus sévère et augmenté la qualité du programme. En raison du nombre, le festival s’est déroulé sur cinq jours au lieu de quatre. Nous avons mis un accent particulier sur la recherche des films, et passé beaucoup de temps dans les musées et les services archéologiques de nombreux pays; plusieurs des films que nous avons retenus n’avaient jamais été diffusés en dehors de leur lieu de production.

Mais la grande nouveauté de cette édition était la séance dédiée aux films anciens; l’un d’entre eux, réalisé par une équipe allemande au Soudan en 1913, est consacré au travail du fer en Afrique, proche de celui pratiqué dans l’Antiquité en Europe et qui s’est perdu en quelques décennies. D’où l’importance de ce genre de document, d’autant plus intéressant que l’archéologie du début du siècle se préoccupait plus de l’aspect artistique que technique.

Ph: Comment expliquer le fait que si peu de films suisses soient au programme ?

C.G.: L’archéologie n’est pas une tradition dans notre pays comme c’est le cas par exemple pour l’Allemagne ou la France qui effectuent de grandes fouilles à l’étranger depuis des générations. De plus, la petitesse du pays et la multiplicité de ses langues font que nous n’avons pas de grande chaîne de télévision qui puisse produire des documentaires importants comme chez nos voisins. Et surtout, ce n’est pas encore dans les habitudes de l’archéologue de faire des films. L’archéologue se contente le plus souvent de ses résultats scientifiques, sans se préoccuper de les communiquer auprès du grand public. Mais cela est en train de changer: il y a en ce moment plusieurs projets de films d’archéologie en Suisse.

Altaripa, seul film suisse en compétition, est l’exemple même du bon film d’archéologie. Béat Arnold a étudié l’épave d’un bateau d’époque romaine dans le lac de Neuchâtel et a décidé d’en faire un film. Pour ce faire, il a contacté un réalisateur, qui a travaillé avec un journaliste, et il leur a laissé carte blanche tout en vérifiant l’exactitude des données scientifiques. Ce travail est exemplaire dans le fait qu’il réunit la sensibilité du réalisateur et la précision du scientifique. D’ailleurs, ce film a obtenu le prix du film à petit budget, prix destiné aux oeuvres qui ne sont pas produites par des télévisions ou de grandes maisons de production.

Ph: Que reflète le palmarès de cette année ?

C.G.: Il ressort une chose du palmarès de cette année: le côté humain. En effet, les films primés ne sont pas des films purement scientifiques ou de recherche, ils ont tous un aspect humain qui ressort à un moment ou à un autre. Par exemple, dans le film Altaripa, on donne souvent la parole aux artisans qui ont reconstitué le bateau; on montre combien leur travail était dur, et ils parlent à leur manière, dans leur jargon, bien différent du scientifique. Quant au film qui a obtenu le prix du public, La mémoire volée, retour au musée de Bagdad, il montre le travail acharné, non seulement des employés du musée, mais aussi des citoyens pour retrouver les pièces volées et reconstruire le musée.

2 comments

  1. M. le directeur Christophe Gourmand,

    Par hasard je tombe sur votre site et votre nom, qui est exactement le même que le mien ! je m’interesse beaucoup à l’archéologie, ayant fait des découvertes rupestres et de vieilles écritures (ibéres ? cunéiformes !? ligures ?) sur des morceaux de schistes déposés sur des tumulus non-fouillés dans les Cévennes méridionales, sur un trés ancien site minier.

    Si cela peut vous interesser, ou une de vos connaissances, il est préférable de me contacter sur mon téléphone, car je ne consulte pas réguliérement mes mails. Au plaisir de faire votre connaissance. Christophe Gourmand, né le 10 juin 1953 à St Germain en Laye. Je m interesse aussi à la généalogie, et à ma connaissance tous les « Gourmand » sont originaires de l’Ain et de la Saone et Loire.

    1. Bonjour,

      Il y a une petite confusion sur le contenu de notre article. Dans celui-ci nous interviewons effectivement le directeur du Festival du film d’archéologie de Nyon, M. Gourmand, mais celui-ci est aucunement lié à notre association par ailleurs. Il ne pourra donc prendre connaissance de votre message par ce biais.

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