Ces derniers temps l’actualité a été riche tant sur le plan scolaire que culturel. Dans le domaine scolaire, on a pu constater une alternance de signes positifs et négatifs. Ainsi, il a été question à Genève de rendre une initiation au latin obligatoire dans le secondaire inférieur, un peu à l’exemple de ce qui s’est fait à Neuchâtel. Dans le canton de Vaud, après une longue attente, la HEP a finalement décidé de repourvoir le poste de formateur en langues anciennes. A Aarau, des enseignants tentent de s’organiser pour maintenir l’enseignement du latin et ont mis en place une journée du latin, le Lateintag. Il faudra désormais réfléchir au niveau suisse et suivre très attentivement les conséquences concrètes de l’harmonisation scolaire nationale HarmoS, qui semble d’ailleurs avoir eu raison de PECARO.
Si l’on sort de nos frontières, les langues anciennes font aussi parler d’elles. En France, les propos tenus lors de la campagne présidentielle par Nicolas Sarkozy sur l’inutilité des langues anciennes ont été largement relayés dans les milieux intéressés. Les prochains mois nous diront s’il s’agissait de fanfaronnades ou de menaces sérieuses. Par contre, en Allemagne, les effectifs des latinistes seraient même en augmentation.
L’Antiquité a aussi été très présente dans l’actualité culturelle ces derniers mois, que ce soit avec la création de différentes pièces de théâtre, comme Les Perses au théâtre du Grütli à Genève ou, très récemment, Les Acharniens par le groupe de théâtre antique (GTA) de Neuchâtel, ou, venant d’outre-Atlantique, la série Rome en DVD, ou encore le film 300. Début juin, l’Université américaine de Virginia a annoncé en grande pompe la reconstitution virtuelle de Rome, un travail sur lequel nous aurons l’occasion de revenir dans notre prochain Pharos.
Ces quelques éléments suffisent à montrer, une fois encore, l’intérêt suscité par l’Antiquité, à tel point qu’en novembre dernier, le journal Le Temps titrait un « Nouveau désir d’antique » à l’occasion de la création d’une nouvelle discipline à l’Université de Lausanne intitulée « Tradition classique ».
La démarche répond donc certainement à un besoin que l’on perçoit nettement depuis quelques années et propose un accès à tout un pan encore méconnu de la culture antique, alors même que s’affaiblit l’enseignement des langues anciennes. S’il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan de cette initiative, il faut cependant souligner l’intérêt de chercher à réagir à la situation actuelle. On ne peut que souhaiter à cette nouvelle discipline de trouver son public auprès des étudiantes et étudiants de l’UNIL et de contribuer ainsi à une meilleure compréhension de l’Antiquité. Notons d’ailleurs qu’une initiative similaire est envisagée pour le gymnase.
Bref, il paraît évident que nous sommes en train de redéfinir notre rapport au latin, au grec et à la culture antique en général. Il est donc d’autant plus important que tous les acteurs concernés y prennent part, afin que cette évolution se fasse le mieux possible.
Christophe Schmidt